Patatrac ! (PV Manuel)

Une silhouette menue évolua dans les couloirs, d'un pas vif et discret.
Bien qu'elle ne cherche pas à l'être, il fallait admettre que la directrice se distinguait des autres par le silence de ses pas. Ses foulées étaient pourtant grandes, comme si elle était pressée, et pourtant... certes, elle avait quelques dossiers à examiner, à signer ou des lettres à rédiger puis à envoyer par hibou à gauche et à droite, ... bah, de toute façon, elle aurait tôt fait d'en finir.
Ne jamais se hâter quand le travail était de longue haleine. Et encore moins lorsqu'il était rapide à réaliser. Nombre de ses prédécesseurs s'étaient attachés à finir leurs "missions", et les conséquences pouvaient rapidement devenir désastreuses. Tout pouvait être bâclé à cause d'un griffonnement un peu trop brusque.
On parvenait plus aisément et plus rapidement, paradoxalement, au bout de tout cela en prenant son temps qu'en prenant le Poudlard Express...
Alors qu'elle se fit ces réflexions en marchant, elle en émergea en s'apercevant qu'elle portait en main une sorte de... vase, oui... entre ses mains. Oui, son bureau avait grand besoin d'être un peu verdi et fleuri, pour apporter un peu de fraîcheur dans l'atmosphère majestueuse, presque pompeuse, dans laquelle baignait son bureau. Un peu de nature était toujours la bienvenue !
Elle se rendit compte notamment qu'elle était face aux facétieux escaliers, et qu'elle devait en gravir quelques-uns pour partir à la recherche d'un livre dont elle aurait besoin prochainement, et d'en réemprunter pour parvenir à son bureau.
La tâche semblait loin d'être aisée...
Amusée, le sourire aux lèvres, elle les contempla, et se jeta sur le premier qu'elle vit en train d'achever sa stabilisation, et resserra son étreinte autour du vase.
A peine eut-elle posé ses deux pieds sur la première marche de l'escalier, ce dernier se mit immédiatement à se mouvoir, et Clairen garda dans son champ de vision l'étage où elle voulait accéder.
Cela avait le don d'être comique, à tel point qu'elle ne put réprimer un petit rire.
Elle dut faire preuve d'un minimum de souplesse et d'endurance pour y parvenir, tant bien que mal. Toujours est-il qu'elle se trouvait maintenant là où elle voulait aller, et des pas se firent entendre, rapides.
Mais cette fois, la directrice ne les entendit pas, trop plongée dans ses pensées, se demandant déjà où elle pourrait mettre le vase et quelles fleurs lui conviendraient, sans faire de rupture flagrante avec sa pièce de travail.
Une présence soudaine la fit sursauter et pousser un bref cri aigu mais non moins convaincu.
Et le vase vint ajouter à sa surprise en se brisant contre le sol.
Son petit coeur battit la chamade lorsqu'elle se décida enfin à voir véritablement la personne qui lui avait fait tant d'effet, ignorant pour l'instant son pauvre vase de porcelaine pure.

Invité

Il n’avait jamais été des plus studieux. Et puis, à quoi pouvais bien servir des études? Apprendre à transformer un cochon dinde en plume turquoise? Lui voyait ça comme de futiles balivernes mais ses parents voulaient tant qu’il y aille. C’était ça ou la porte. Et puis il fallait voir le bon côté des choses, l’école était pleine de jolies roses fraîches qui n’attendaient que d’être cueillis. Pour ce qui était de courtiser l’agence féminine, Manuel était un maître dans l’art. D’ailleurs, c’est ce qui l’avait amené à la bibliothèque. Il avait rendez-vous avec une élève de sa maison parce qu’il avait « besoin » de cours particuliers en histoire de la magie. Le cours avait été des plus ennuyant mais la rencontre avait été des plus intéressantes. Il avait gagné un vrai rancard pour un peu plus tard, c’était, si l’on pouvait dire ainsi, sa récompense en tant que bon élève.
Un peu trop jovial pour la cause, Manuel franchi le seuil des couloirs afin de se rendre à son dortoir. Les bras encombré que d’un seul livre, il croisa la directrice. Cette magnifique femme à la chevelure flamboyante et aux yeux ensorceleurs qui avait le dont de se déplacer de manière maladroite accentuant son charme. Malgré l’âge beaucoup plus avancé que celui de Manu, il l’a trouvait terriblement charmante. Il était rare de voir une femme aux allures si enjôleuses à cet âge.
Contre toute attente, la directrice poussa un cri à l’approche de Manuel qui hurla en même temps. Non pas qu’il était nerveux mais la surprise l’avait saisi le faisant réagir de la même façon qu’elle. Il échappa donc son livre près du vase en mille miettes de la délicate Miss Dutchsman. La pauvre semblait sur le choc, elle ne remarqua même pas son vase. Pourtant Manuel n’avait rien fait. Rien de conscient du moins. Il se pencha afin de ramasser son livre et jeta un regard désolé en direction du vase détruit.

Et bien Miss Dutchsman, c’est un bien triste gâchis que votre vase. J’espère que ce n’est pas moi qui vous ai fait sursauter ainsi. Je me retrouverais obliger de rembourser se magnifique vase.

L’apparence encore et toujours. Manuel n’avait pas vraiment de soucis en vu du vase, ce n’était qu’un vase après tout mais il avait encore vu une belle occasion de sociabiliser.

Elle se sentait si stupide... encore une fois, elle avait eu peur à la première surprise venue, et ce pauvre vase en avait payé le prix. Elle pouvait tout de même s'estimer heureuse qu'il ne se soit pas agi d'un vase Ming, même si la qualité de celui-ci n'en était pas moins remarquable.
Une petite formule magique, et il retrouverait une seconde vie ! Il n'y avait pas de quoi en faire un drame, finalement. Sa peur était injustifiée.
Bah, elle avait autre chose à faire que de se fustiger de la sorte, et l'élève présent face à elle était... étrange, bien que ce ne soit pas le mot adéquat...
Clairen leva les yeux pour la énième fois, se sentant toujours un peu coupable d'avoir cassé cette pièce de décoration et de vie pour les fleurs, et décida de ne plus le laisser flancher.
Elle sourit et dit :

_ Allons, ne vous en faites pas, ma maladresse m'a fait connaître de bien pires épreuves, et j'ai eu le temps de mémoriser un sort adapté à ces cas de figure. Tant que celle-ci n'achève la vie de personne, je peux m'estimer heureuse, ne croyez-vous pas ?

La directrice rit, davantage par dépit d'avoir cassé son vase que par réel sentiment d'avoir fait une réfexion comique. Décidément, à ce rythme, elle courrait à la catastrophe.
Une soudaine pensée lui vint à l'esprit, et elle ne sut comment la formuler habilement. Mais ne souhaitant pas faire durer un silence pesant, elle se lança et demanda d'un air étonné mais sympathique :

_ Pardonnez-moi de vous poser cette question, jeune homme, mais comment se fait-il que vous ne soyez pas en cours à cette heure-ci ? Tous les professeurs exercent, pourtant.

En elle, elle réfléchit aux différentes possibilités : soit il avait oublié, rongé par quelque souci que ce soit, et en ce cas, les professeurs comprendraient. Nul n'était infaillible, et les temps n'étaient pas faciles pour tout le monde, pas même à Poudlard.
Soit, il s'était disputé avec l'un d'entre eux, et il devrait être possible de remettre les choses en ordre si elles n'avaient pas été trop critiques, soit encore, il se désintéressait complètement des cours, ce qui était également excusable. Mais il faudrait de toute façon qu'il s'exprime là-dessus, de façon à trouver des solutions pour chaque partie.
Elle se moqua d'elle intérieurement : on croirait avoir affaire à un tribunal, et les élèves n'étaient pas des condamnés, pas plus que les professeurs ne l'étaient. Au dehors seulement, le manichéisme fonctionnait à plein régime, mais les élèves étaient pour la plupart mineurs, ou s'ils venaient d'être majeurs, l'inexpérience pouvait mener à de graves erreurs. Lâcher un oiseau ayant fraîchement acquis la méthode de vol était une proie facile pour le chasseur...
Elle se rendit compte qu'elle venait encore de se faire de longues, mais pas nécessairement intenses, réflexions en présence d'un élève. Quelle idiote elle faisait...
Clairen attendit la réponse du jeune homme, qui était peut-être déjà tombée, d'ailleurs... elle verrait bien, et redemanderait au besoin. Quitte à se ridiculiser davantage.