Lisière | Remise en Question & Liiibre

Eileen, pour une fois, ne portait pas la traditionnelle cape noire de l’école, ce jour là, elle arborait les couleurs de sa Maison, Jaune et Bronze. Enfin, disons qu'elle les arborait grâce à son écharpe et à sa paire de gants car loin d'elle était l'envie de se faire remarquer. Elle était vêtue d’un ensemble idéal pour les entraînements physique, ce que les moldus appelaient « survêtement » si elle avait bien compris. Ses cheveux bruns étaient retenus en arrière en une queue haute, ce qui n’empêchait pas quelques mèches rebelles de tomber le long de son visage. Son teint était plus clair que d’habitude, c’était sans nul doute la conséquence de ses courtes nuits, d’une surcharge de travail et de ce sentiment d’angoisse qui la prenait souvent au niveau du ventre ces derniers temps. Un teint pâle, en temps normal, passe inaperçu. Mais c'était sans compter sur son maquillage excessif en ce jour.

Replaçant une mèche derrière son oreille, elle inspira profondément. Pas grand chose allait dans le bon sens ces temps-ci. Tout avait commencé avec l'histoire qui s'était déroulée dans le Train Express. Son choix n'avait pas tardé, certes, mais elle commençait seulement à voir où cela allait la mener. Et ce n'était pas tout ce qui la préoccupait. Il y avait toutes ses expériences ratées depuis le début de l'année.Les altercations dans les couloirs de l'école.

La Poufsouffle posa son verre d’un mouvement brusque sur la table, le contenu qui avait été délaissé par la jeune fille éclaboussa un peu, laissant des traces sur la table. Elle ignora les quelques têtes des Serpentards qui se tournèrent vers elle. Elle se leva et quitta sa table, ses pas étaient rapides et courts. Elle ne savait pas où elle voulait aller, mais son esprit semblait le savoir car elle se dirigea droit vers le Hall; Par la suite, elle se tourna vers les grandes portes à l’entrée du château. En fait, ce furent plutôt ses pas qui la guidèrent dès lors. Comme s'ils savaient tous d'elle. Comme si une entité la guidait. En ce sens, cela faisait plaisir de savoir que quelqu'un nous surveillait. La vie semblait déjà plus facile. Mais plus que cela, elle savait qu'elle allait atteindre son rêve. Utopique? Purement. La Poufsouffle était dans le fond une grande rêveuse.

Cela m’est égal ce qu’ils pensent de moi.

Mais à peine se dit-elle cela que son cœur se pinça, elle savait que c’était faux, plus que jamais elle voulait se faire remarquer, elle en avait marre de n’être qu’une simple élève de Pufsouffle,sérieuse, parfois autoritaire, folle. Elle ne voulait pas être une parmi d’autres, elle voulait…

Mais qu’est ce que tu veux ? Tu sais bien que tu n’aspires guère à la gloire, pour toi le travail c’est quelque chose de normal et non pas un moyen de gagner du pouvoir… Qu’est ce que tu veux ? Être reconnue. Mais tu n’as jamais voulu être reconnue pour ce que tu es. Pourquoi ? Pourquoi !

Elle avait changé depuis quelque temps. Elle voulait à présent qu'on la reconnaisse. Car dans le fond, c'était elle la meilleure. C'était elle la plus belle. C'était elle la plus forte. Sauf que là, elle était en proie aux questions. Eileen se retint de se laisser aller. Ce n'était pas le moment. Plus que quelques pas et elle serait en bas des marches de l’entrée. Elle continuait de marcher sans but, mais d’un pas rapide. Enfin en bas, elle décida de tourner la tête vers le Lac, puis vers le Parc. Une fois de plus, elle inspira. Un maigre sourire était apparu sur ses lèvres. Elle se rappelait qu’à chaque fois elle était sortie à l’extérieur du Château, elle avait fait des rencontres qui importaient pour elle. Anna à l’endroit même où elle se tenait. Atrabilius et Roxanne autour du Lac, elle avait rencontré Kate dans le Parc.

Son sourire s’effaça. Ses yeux perdirent leur éclat qu’ils avaient retrouvé lorsqu’elle pensa à ses amis. Qui étaient-ils au fond ? Les connaissait-elle vraiment ? Eileen inspira. Elle balaya le paysage qui s’offrait à ses yeux, plus tôt elle s’en serait réjoui, elle aimait l’hiver, et malgré le fait que la faune semblait endormie, et que la vie ne prospérait pas autant, elle avait toujours aimé la neige. Mais ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était bien ce silence. D’un pas incertain, elle se dirigea vers le Parc, cela faisait plus longtemps qu’elle n’y était pas allée et elle préférait se laisser guider par ses pas, plutôt que de réfléchir. Oui, elle avait fait bien des rencontres le long de ce chemin, Atrabilius était la dernière personne à qui elle avait parlé.

La Canari laissa l’air froid pénétrer dans ses poumons, la neige recouvrait le tapis de feuilles mortes d’une mince couche blanche. Des traces de pas étaient gravées dans la neige. La jeune Femme prit le tournant opposé de celles où menaient les pas, quittant le petit chemin qui menait vers le Parc. Lorsque finalement elle leva les yeux, elle s'apperçu qu’elle était arrivée à la lisière de la forêt. Elle fixa les troncs, qui semblaient plus noirs que jamais avec le contraste qu’apportait la neige. Elle n’avait jamais particulièrement eut envie de se rendre dans la forêt, elle n’avait aucune idée de ce qu’abritait cette forêt, mais elle était pleinement consciente du fait que c’était un habitat parfait pour des créatures en tout genre.

Le regard de la fille de seize ans se perdait dans la forêt, elle s’appuya contre le tronc d’un arbre. & se tenir immobile lui rappelait le froid, mais ce froid qui l’entourait lui permettait de se sentir vivre, alors elle resta ainsi posée, les mains dans les poches. La forêt avait l’air bien magique, la neige lui donnait un caractère auquel elle n’avait jamais prêté attention auparavant. La neige ne s’était déposée que sur le bord extérieur, faisant ressortir toute la noirceur. Les troncs droits et fiers ne se laissaient pas affectés par le froid. Bien que tout soit silencieux et que rien n’était visible, Eileen pouvait presque sentir la vie pulluler. Un frisson la parcourut et elle se redressa, elle continua de longer la forêt, maintenant qu’elle y était, elle en profitait, elle regardait les arbres de son œil critique, imprimant ses impressions et les émotions que cette vue suscitait en elle. Le temps semblait figé, c’était là aussi une partie de la magie de l’hiver et de la neige. Elle pouvait être là depuis deux minutes à peine, ou un quart d’heure qu’elle ne s’en rendrait à peine compte. Mais surtout, elle savait que c'était là son dessein. Sauver la Nature.